Ce texte est issu pour partie de l’introduction du livre La danse des valeurs : Sergueï Eisenstein et Le Capital de Marx (paru chez Diaphanes en août, 2024), d’abord publié en anglais en 2019, également chez Diaphanes, sous le titre The Danse of Value: Sergei Eisenstein’s Capital Project. Le texte est présenté dans la traduction depuis l’anglais de Thomas Vercruysse, accompagné d’une introduction originale, et de planches inédites du Journal d’Eisenstein (design graphique par Uliana Bychenkova).
CategoryCinéma et spéculation financière
Spéculations. Une aventure de Bouvard & Pécuchet
Après avoir réglé des questions comme celle de la religion celtique ou de la gymnastique, Bouvard et Pécuchet reconnaissent « qu’une base manquait à leurs études : l’économie politique. « Spéculations, une aventure de bouvard & Pécuchet » est le scénario d’un documentaire ethno-fictionnel et théorique qui suit les pérégrinations de Bouvard et Pécuchet au pays des financiers. L’enquête fabulatrice sur le capitalisme financier de Bouvard et Pécuchet étudie les marges. Renouvelant sans cesse leurs hypothèses et leurs méthodologies problématiques pour se tirer d’impasses successives, Bouvard et Pécuchet finissent par inventer une méthode ethno-fictionnelle : à partir du réalisme capitaliste de Mark Fischer qu’ils fictionnalisent, ils donnent naissance au fantastique capitaliste™.
Rendre visible la bulle, révéler l’aveuglement. Stratégies figuratives à l’œuvre dans The Big Short (Adam McKay, 2015)
Sorti en 2015 et réalisé par le cinéaste étasunien Adam McKay, The Big Short met en scène une poignée d’individus qui, plusieurs mois avant la crise des subprimes, ont « vu venir » l’éclatement de la bulle spéculative sur laquelle reposait alors l’essor du marché immobilier du pays. L’essentiel de notre propos consistera à analyser comment The Big Short, grand film sur la finance, se présente également comme une passionnante réflexion sur le regard.
« Incorporez-vous ! » Les jeunes artistes des années 2010 face à l’abstraction financière
Ingrid Luquet-Gad « Incorporez-vous ! » Les jeunes artistes des années 2010 face à l’abstraction financière Résumé Mots-clés Référence électronique pour citer cet article Ingrid Luquet-Gad, « ‘Incorporez-vous !’ Les jeunes artistes des années 2010 face à l’abstraction financière », Images secondes [En ligne], 04 | 2024. URL : http://imagessecondes.fr/index.php/2024/12/incorporez-vous-les-jeunes-artistes-des-annees-2010-face-a-labstraction-financiere/ ≡ Version pdf à télécharger Introduction Dès la fin des années 1980, les mutations de la
Ville et imagerie spéculative : Naviguer parmi les flux financiers dans Wall Street : L’Argent ne dort jamais (2010)
Ce texte ambitionne d’ausculter les différentes stratégies figuratives qu’adopte Wall Street : L’Argent ne dort jamais d’Oliver Stone (2010) pour mettre en scène les flux monétaires et établir, par le montage et le recours aux interfaces numériques, une équivalence entre la ville et l’imagerie spéculative du monde de la finance.
Iconomies de l’ombre et algorithmisation des images (ce que le capitalisme numérique fait au visible)
Les infrastructures invisibles ainsi que le travail caché qui permettent la circulation comme l’échange des images numériques sont généralement les deux conditions de possibilité de l’iconomie contemporaine et restent généralement dans l’ombre. Pour les faire affleurer à la surface du visible, ce texte fait dialoguer la pensée d’Aby Warburg et celle de Karl Marx, en particulier là où tous deux tentent d’analyser ce que transporter veut dire. Il s’agit, en somme, de la manutention des images aujourd’hui.
Penser les flux du Capital dans L’Argent (1983) de Robert Bresson et Animal Spirits (2022) d’Hito Steyerl
Cet article cherche à répondre à la question : le capital est-il visible au cinéma ? Associé à une puissance aliénante et aliénée, cette entité invisible parvient à prendre forme à l’écran dans les deux films qui font l’objet de cette analyse : L’Argent (1983) de Robert Bresson et Animal Spirits (2022) d’Hito Steyerl. À travers l’analyse filmique et la critique technologique, nos recherches montrent que le capitalisme audiovisuel produit des aperçus sur son propre flux et sur notre participation à celui-ci. La violence est au cœur de ces échanges entre vues et images ; le capital en est le médium, et son message — le meurtre (Jonathan Beller).
La spéculation financière à partir de la jetonisation de la propriété intellectuelle des œuvres cinématographiques
Cette étude analyse les mécanismes spéculatifs sous-jacents à la jetonisation des droits d’auteur dans l’industrie cinématographique, en se focalisant sur les NFT et leurs modèles économiques hybrides. Elle interroge de manière critique le paradoxe apparent de plateformes comme Ethereum qui, tout en prônant la décentralisation, nouent des alliances avec des acteurs traditionnels, et révèle ainsi les tensions inhérentes à l’hybridation entre la cryptoéconomie et le marché financier du capitalisme informationnel.
Le régime de l’image financière : une analyse de Liquidity Inc. (2014) de Hito Steyerl
Cet article est la traduction française d’un extrait (p. 54-67) du chapitre 2 du livre The Financial Image: Finance, Philosophy and Contemporary Film, publié en anglais par Palgrave Macmillan, dans la collection « Palgrave Studies in Literature Culture and Economics » en 2024.
A Modest Proposal (in a Black Box) (version française)
Le duo d’artistes Vermeir & Heiremans présente son film A Modest Proposal, dans lequel il se demande si la financiarisation peut être réorientée vers la création d’une écologie artistique plus équitable, dont bénéficieraient non seulement les investisseurs, mais aussi les créateur·ices de la valeur des actifs artistiques, à savoir les artistes et les travailleur·euses du secteur artistique. Leur contribution développe également deux documents d’archives de l’époque victorienne qui ont inspiré la réalisation de leur film. Ces documents mettent en lumière un moment de spéculation accélérée sur les terrains de Battersea, le lieu de tournage du film des artistes à Londres en 2018. À cette époque, une frénésie spéculative a enflé autour de la transformation de la centrale électrique de Battersea en un projet de développement de luxe conçu par un architecte de renom.