APPEL À CONTRIBUTIONS
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06 | 2024 Images opérationnelles : agencements utilitaires des images en mouvement
Rédacteurs en chef du numéro
Guilherme Machado (Université de Poitiers) — Antoine Prévost-Balga (Université de Francfort / Sorbonne Nouvelle Paris 3) — Anne-Katrin Weber (Université de Bâle)
Résumé de l’appel
Depuis deux décennies, la théorie des images et des médias s’intéresse à une dimension « opérationnelle » des images qui se distingue des approches classiques des « représentations » visuelles et audiovisuelles. En décrivant les usages militaires et industriels des technologies visuelles numériques, Harun Farocki a introduit le terme d’« images opérationnelles » pour désigner des images qui « ne représentent pas un objet, mais font plutôt partie d’une opération » (Farocki, 2004). Simultanément, d’autres auteur·ices se sont intéressé·e·s à l’« opérativité » des images, explorant leur pouvoir d’agir, leurs dynamiques intrinsèques et la manière dont elles prennent une part active dans des agencements sociaux et matériels. Dans les études visuelles, W. J. T. Mitchell a proposé, par opposition à une rhétorique ou à une herméneutique, une réflexion sur la vie propre aux images, comprenant « les idoles et les fétiches anciens jusqu’aux images techniques et aux formes de vie artificielles, cyborgs et autres clones » (Mitchell, 2014 : 18). Au sein des études cinématographiques, des historien·ne·s ont montré que les films industriels ne sont pas seulement des témoignages historiques biaisés du travail : en tant qu’images participant à la régulation des conditions épistémiques de la production marchande, ils sont aussi des « traces des formes d’organisation sociale et industrielle qu’ils servirent autrefois » (Hediger et Vonderau, 2009 : 11).
Ce numéro d’Images secondes s’inscrit dans les débats internationaux sur les images opérationnelles. Il prend comme point de départ et objet de réflexion la question de l’agentivité (agency) du visuel, des dispositifs d’image et des appareils de vision, en s’intéressant particulièrement à quatre contextes de déploiement des images opérationnelles, à savoir les contextes militaire, industriel, médical et scientifique.
Bien que les travaux dans ces domaines ne se réfèrent pas systématiquement à la notion d’image opérationnelle telle qu’elle a été discutée en particulier à la suite de Farocki, ils contribuent tous à une meilleure compréhension de l’opérativité des images et de leur agentivité au sein de contextes institutionnels divers. Ainsi, dans un récent article qui propose un survol des différentes approches de l’image opérationnelle, Aud Sissel Hoel constate que la théorie des images et des médias se dirige vers un changement de paradigme, avec une multiplicité de tentatives de développement d’une « base opérationnelle pour comprendre les images » (Hoel, 2018).
Malgré l’importance de ces débats au niveau international, les recherches en études cinématographiques francophones sont encore très peu portées par des approches historiques, esthétiques ou médiatiques qui prennent en compte les images opérationnelles. Cela semble être dû, d’une part, à une barrière linguistique (ces débats se déroulant principalement en anglais et en allemand) et, d’autre part, à une persistante clôture disciplinaire qui, en France, cloisonne souvent les études « esthétiques » du cinéma à des pratiques artistiques qui seraient imperméables aux images « utilitaires ».
Ce numéro de revue sur les images opérationnelles tentera d’établir un pont entre la recherche francophone et internationale autour du paradigme opérationnel des images, en proposant des traductions de textes clés de ce débat et en rassemblant des contributions récentes de chercheur·ses francophones travaillant sur la question.
Comité scientifique du numéro
Emmanuel Alloa (Université de Fribourg) — Christa Blümlinger (Université Paris 8) — Mireille Berton (Université de Lausanne) — Estelle Blaschke (Université de Bâle) — Jean-Michel Durafour (Université d’Aix-Marseille) — Bernard D. Geoghegan (King’s College London) — Vinzenz Hediger (Université de Francfort) — Alice Leroy (Université Gustave Eiffel) — Volker Pantenburg (Université de Zurich) — Marie Sandoz (Université de Bâle), Antonio Somaini (Université Paris 3) — Dork Zabunyan (Université Paris 8) — Yvonne Zimmerman (Université de Marburg)